lundi 7 janvier 2013

Il n'y a (pas) que la théorie quantique des champs qui compte (dans la vie de tous les jours)

Sans commentaire \\ou presque (5)
Après trois ou quatre billets consacrés à un même sujet particulièrement ardu (au risque de paraître abscons) essayons de faire contrepoids avec ces propos de Pierre Gilles de Gennes (Prix Nobel de physique 1991) tirés d'une conférence en anglais : Soft Interfaces (The 1994 Dirac Memorial Lecture).
Compared with the giants of quantum physics, we soft-matter theorists look like the dwarfs of German folk tales. These dwarfs were often miners or craft-workers : we, also, are strongly motivated by industrial purposes. We see fundamental problems emerging from practical questions - aquaplaning leads to a new form of dewetting, etc. But there is another, equally important motivation: the challenges of everyday life. Let me take an example, which I owe to the director of the Tefal company. These days a lot of time is still spent on ironing: in a country the size of England, something like ten million people ironing for one hour a week. If, by some intelligent reflection, we can gain, say, six minutes on this hour, a 10% effect, we are saving 10^5 man-hours per day - we are providing a non-negligible improvement for many individuals who come back exhausted from their work. Personnaly I would feel more proud to achieve this than to solve an elegant formal problem in statistical physics (Unfortunately, I fail on both counts.)
   En comparaison avec les géants de la physique quantique, nous théoriciens de la matière molle ressemblons aux nains des contes populaires allemands. Ces nains étaient souvent mineurs ou artisans : nous aussi, nous sommes fortement motivés par des fins industrielles. Nous voyons les problèmes fondamentaux émergés de questions pratiques - l'aquaplaning conduit à une nouvelle forme de démouillage, etc Mais il y a une autre motivation, tout aussi importante : les défis de la vie quotidienne. Permettez-moi de prendre un exemple, que je dois au pdg de la société Tefal. Aujourd'hui beaucoup de temps est toujours consacré à repasser : dans un pays de la taille de l'Angleterre, environ dix millions de personnes repassent une heure par semaine. Si, par une réflexion intelligente, nous pouvons gagner, disons, six minutes sur cette heure, soit un effet de 10%, nous économisons 10^5 heures par jour - nous offrons une amélioration non négligeable pour de nombreuses personnes qui reviennent épuisées de leur travail. Personnellement, je me sentirais plus fier de parvenir à cette tâche que de résoudre un problème formel élégant en physique statistique (malheureusement, j'ai échoué dans les deux cas).

Si de Gennes a aujourd'hui malheureusement disparu, le groupe des Surfaces Douces poursuit avec beaucoup d'autres équipes de chercheurs, en France et à travers le monde, des thématiques proches des siennes.

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